N,N-DMS, protection et alimentation/s de la nappe transfrontalière du Genevois

Contexte

La nappe du genevois est la ressource souterraine stratégique pour l’eau potable du canton de Genève et de la Communauté de Communes du Genevois.

Un premier polluant, le N,N-DMS (métabolite d’un fongicide largement utilisé, notamment pour combattre le mildiou sur les vignes, jusqu’à son interdiction en 2007), a été détecté dans les eaux souterraines en 2015 lors d’un contrôle de routine, et impliquait des risques pour les captages d’eau potable.

D’autres polluants (perchlorates et Chlorothalonil) ont ensuite été mis en évidence.

A la demande des autorités, HGE a défini et réalisé des études visant à comprendre les origines de ces polluants yc vis-à-vis des usages en surface, et à améliorer la connaissance concernant la géométrie, les écoulements et les modalités d’alimentations locales de la nappe du Genevois, dans le but de protéger les forages d’eau potable.

Prestations effectuées

Hydro-Géo intervient à plusieurs niveaux, tant en France (Genevois français) qu’en Suisse (canton de Genève).

• Les premières études ont porté sur la caractérisation du N,N-DMS (historique, origine et usage en surface, évolution dans le milieu naturel), ainsi sur la caractérisation de l’évolution spatiale et temporelle de la pollution.
• Des synthèses de données hydrogéologiques ont permis de mettre en évidence des indices de mauvaises protections de la ressource en eau potable. Elles ont été complétées par la réalisation de profils géophysiques électriques (14), et par la réalisation de sondages équipés en piézomètres (10).
• Ces ouvrages ont été surveillés quantitativement (piézométrie) et qualitativement (surveillance > 5 ans).
• Des tests spécifiques ont été réalisés pour comprendre les modalités de stockage et de dispersion du N,N-DMS et/ou de ses métabolites, avec études comparatives sur des nappes superficielles en territoire viticole : analyses de sol à différentes profondeurs, de végétaux, tests de lixiviation, surveillance de sources durant les périodes de traitement et de pluie.
• Des campagnes de jaugeages ont été réalisées sur l’Aire et la Laire, afin de comprendre la relation de ces cours d’eau avec la nappe profonde.
• Des cartes piézométriques synchrones ont été réalisées.
• Une comparaison avec d’autres phytosanitaires problématiques a été réalisée, pour mieux comprendre les modalités de contamination. En l’occurrence, la répartition géographique et temporelle du Chlorothalonil a été étudiée.
• Enfin, des pompages de très grande ampleur ont été réalisés sur les puits d’eau potable de Soral et de Crache (avec suivis piézométrique et qualité, et traçages longue distance), afin de déterminer leur zone d’alimentation, l’influence de leur exploitation sur la ressource, leur différence d’alimentation en fonction de leur exploitation.

Résultats obtenus

Les études ont montré que :

• Le N,N-DMS était un produit de dégradation d’un fongicide (Euparène – tolylfluanide) utilisé dans le traitement des vignes. Il a été interdit à la vente en 2007.
• Tous les secteurs viticoles de la région sont très marqués par ce polluant.
• Il était présent dans tout le centre de la nappe profonde du Genevois, et que ces concentrations étaient stables dans le temps, ne laissant pas supposer une diminution prochaine
• Ce comportement du polluant ne pouvait s’expliquer que par la présence de ‘stock’ diffus de polluant, dans les nappes ou dans les sols.
• Des alimentations locales de la nappe du Genevois ont cours dans ce secteur, sans doute par différents vecteurs : infiltrations partielles de cours d’eau (Aire, Laire : pertes localisées et quantifiées par jaugeages), des infiltrations directes des précipitations dans des secteurs à faible couverture protectrice (Feuillée) ou mauvaise couverture protectrice (plaine de l’Aire amont, vallon de Crache, …) marquant des ‘fenêtres géologiques’.
• L’interprétation des récents tests de pompage sur les puits de Crache et de Soral permettront de mieux comprendre les dynamiques de la nappe : fonctionnement de la nappe sans sollicitation et faciès hydrochimique/s selon localisation, effet des exploitations sur la ressource et zone d’alimentation des puits, focus sur les différentes alimentations locales.